Géronimo – Photographie par Sam Hobson

0/9 – SIMPLIFIER L’ÉNONCÉ DU PROBLÈME ÉCOLOGIQUE

Le premier pas à effectuer pour résoudre un jour la crise écologique n’est pas d’en trouver les solutions mais l’énoncé.

La crise écologique actuelle nous signifie que notre humanité n’aborde pas notre planète par le bon sens. Vertdeco montre un autre sens possible, plus simple et plus proche de la réalité : Voir notre planète tels que deux univers, de facto en lutte, celui du vivant produisant son milieu au dépens de l’environnement.

 

LE VIVANT EST AVANT-GARDE

La dynamique positive du rewilding où l’on apprend que la planète sur laquelle nous vivons n’est plus un bon repère : Elle n’est déjà plus durable (l’illusion de le croire durable est due au “shifting baseline syndrom”). Il va falloir désormais penser à y re-développer la biodiversité massivement. La bonne nouvelle, c’est que cela est rafraichissant!

L’exposition “Comprendre Lovelock”. C’est celui qui nous a dit, avec Lynn Margulis, que la planète Terre est un organisme vivant. Ce Lovelock donne un sens meilleur au monde que l’environnementalisme actuel… (petite remarque en passant: Vertdéco pense qu’on peut faire encore mieux que la Gaïa de Lovelock).

L’idée de parc national: Pas celle de John Muir, malheureusement source d’exclusion, mais celle du génialissime George Catlin: Il n’a pas souhaité des parcs nationaux faisant du vivant un objet touristique mais bel et bien des parcs nationaux faisant du vivant la norme à atteindre pour notre vie quotidienne. Une idée moderne à soutenir de toutes nos forces!

La vieille théorie de “la survie du plus apte” passe à la poubelle! C’était une tautologie. Les êtres vivants ne sont pas en compétition entre eux mais forment avant tout une coalition contre un opposé commun : l’environnement. Cela tombe bien, ce nouveau sens donné au monde transpire dans de nombreuses nouvelles solutions, notamment à San Francisco.

Le merle nous montre la ville. Que voit-on? Qu’il ne sert à rien de réfléchir à une ville logique. Il faut prendre la voie du milieu, la ville étant en fait éco-logique. Ce nouveau sens fait de l’ornithologie une compétence supplémentaire et obligatoire pour les jardiniers… Les oiseaux, on vous aime tous! Vous nous montrez le chemin du développement durable.

La naturalisation de l’Inde! Ce grand pays abandonne ses idées sur le vivant pour embrasser, à vitesse TGV, l’idée pourtant caduque de nature centralisée. Une catastrophe écologique dans la tête autant que sur le terrain… Elle rase ses fermes urbaines quand nous, nous les reconstruisons!

Pour ré-imaginer notre relation à la nature, Vertdeco appelle à créer le dernier type de parc national qui manque en France : Le parc national urbain. Ce parc peut apporter une plus-value à notre civilisation en faisant de la biodiversité un membre de la cité. L’idée défrise… mais avance! Non mais allo quoi! T’es une ville et t’as pas de vivant? Quelle loose…

Vertdeco propose une communication au congrès scientifique écolotech qui l’accepte. Vertdeco montre que l’étalement urbain ronge autant l’esprit que l’espace, et donc l’intérieur… de la ville elle-même! Vertdeco ne fait pas qu’expliquer la chose et se rend au congrès avec de la solution.

Hommage à un quidam, Adam Purple, mort le mois précédent. Les idées de ce marginal, si inconvenantes il y a 20 ans, sont désormais des solutions que Paris veut faire siennes. On y apprend ainsi que l’innovation dans le vivant… c’est surtout qu’il n’y a pas d’innovation! Le vivant ne s’invente pas, il s’invite!

Vertdeco tire de son chapeau le nature writing et répète que ce n’est pas la rivière qui fait l’arbre mais l’inverse. Pour comprendre cela, il faut écouter le premier récipiendaire écolo du prix Nobel de la paix, Wangari Maathai : Tant que tu n’as pas planté et fait pousser un arbre toi-même, tu n’auras jamais réfléchi sur ton monde. C’est pas mathématique… mais c’est juste juste (justement)!

Cette série s’achève sur une suggestion… celle de simplifier le développement durable en définissant plus précisément l’environnement et le vivant. L’environnement c’est un tout! Le vivant, c’est un autre. Et le milieu? ben il est au milieu.

UN LIVRE QUI TOMBE À PIC!

La pensée écologique ceux qui veulent réfléchir sur le sens premier de la crise écologique (et qui veulent réussir leur noël), ce livre-là tombe à pic : Un kilo de savoirs, ou plutôt un kilo sur les savoirs actuels et les liens entre la science, nos représentations et le (les?) monde qui nous entoure…

Ce dictionnaire de la pensée écologique est une somme intellectuelle bienvenue. Il s’inscrit dans notre temps au meilleur moment : quand commencent celui d’après la COP21.

Logotype officiel représentant la tour Eiffel ciselée sur une feuille d'arbre que la chaleur du soleil commence à brûler.

Comme l’ont montré les 195 pays réunis, notre temps est désormais celui de la coalition et de l’inclusion. Cela vaut pour les pays, et aussi pour les entités morales, territoriales ou sectorielles, pour les professionnels. Rien de tel alors que cet outil de mise en commun de nos repères, pour écrire, ensemble, notre histoire écologique.

Bien sûr, comme tout dictionnaire, celui de la pensée écologique ne peut être parfait. Des entrées manqueront toujours. Mais quand bien même! Et même en fait : Mais justement! Ce dictionnaire se lit autant en creux qu’à travers ses textes. Il exprime autant les manques de l’époque actuelle que l’époque actuelle elle-même.

PRÉCISER ET SIMPLIFIER LA NOTION D’ENVIRONNEMENT

 Paris… 2015… La notion d’environnement n’est toujours pas comprise

Le dictionnaire de la pensée écologique rappelle que l’environnement n’est pas définie par la science. Il est seulement un concept convenu entre les scientifiques et le public. C’est un terme si mou qu’il nuit à d’autres concepts, notamment celui important de milieu (dixit le dictionnaire de la pensée écologique).

Il faudra alors obligatoirement préciser cette notion afin d’avancer sur la relation avec notre contexte. D’autant plus qu’une opportunité de simplification bien pratique semble exister : Celle de comprendre l’environnement comme un tout complet et défini, un paradigme, un monde à part entière.

Explication : L’environnement pourrait être définie par sa matière et les propriétés de cette matière (mais si, confondre matière et propriétés en une dimension, c’est possible). L’environnement dévoilerait sa vrai identité : un territoire matériel et aussi un territoire de pensée.

Autrement dit, penser environnement, c’est déjà de l’environnement. Ou encore… la fabrication, l’étalement urbain, les lois physico-chimiques sont fait de la même nature que le ciment ou le granit, le plastique, la planète pluton ou le soleil. Cela est un.

Cette compréhension présente un avantage gigantesque : Celui de clarifier l’essentiel de notre contexte. L’environnement devient réellement – réellement – didactique. Il se comprendrait facilement, que ce soit par la pensée ou par la vue. L’enfant ou l’adulte, le public ou le professionnel, le jardinier ou le scientifique pourraient se saisir ensemble de l’environnement.

 

DÉFINIR LA NOTION DE VIVANT

Le dictionnaire de la pensée écologique ne définit pas le vivant. Pour la pensée écologique occidentale, fortement reliée à la technologie et au propre de l’homme (comme pour la science issue du même coin, on l’avait déjà vu ici), le vivant n’est finalement pas très… vivant.

À tout un chacun donc de réfléchir sur le vivant, à sa définition. Cette réflexion est importante. Elle va devenir, pour sûr, une notion clé des jours futurs.

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VIVANT (point de vue 1): Le vivant semble être un fruit né de l’environnement il y a plusieurs milliards d’années. En fait, ses actions montrent qu’il en est plutôt une prolongation disruptive, une singularité. Le vivant est ainsi le moteur d’un nouveau paradigme : Lui-même. Quoiqu’il en soit sur son origine, le vivant est en fait à penser tel un fruit né… du vivant.

Il est capable de se développer, de s’accaparer de la matière ou des informations, de se démultipliertout en se diversifiant, d’adapter son milieu qu’il soit externe ou interne. Tout cela fait qu’il modifie de multiples façons son contexte. Il développe ainsi par ses actions son propre monde.

Ce nouveau paradigme confère de nombreuses propriétés à notre contexte. Il le rend non harmonisable. Il nous faut un oeil pour le vivant et un oeil pour l’environnement. Notre contexte est aussi asymétrique et non dual, le vivant se construisant par et aussi pour lui. Le milieu qu’il génère est une matière subjective et en tension entre deux mondes. Notre Terre n’est pas un produit logique mais historique… Bref, le vivant est une civilisation.

Bien que faillible comme toute civilisation, ce vivant a, en plusieurs milliards d’années, réussi à modeler toute la terre en sa faveur. C’est lui qui tire les ficelles des grands phénomènes physico-chimiques terrestres afin de maintenir son confort. Il écarte ainsi sa fenêtre des possibles.

Peu de pensées reconnaissent la place du vivant, la responsabilité de ses actions ou son statut de singularité. Notre naturalisme, ou l’environnementalisme onusien, par exemple, ne le font pas. Ces pensées-là masquent le vivant dans notre contexte comme on noierait un poisson dans l’eau. Pour ces pensées, c’est la nature qui est vivante, ou le sol, l’écosystème, ou la Terre. Elles cachent le fait que seul le vivant de ces entités est vivant… lui refusant son paradigme et lui retirant son intégrité et sa singularité.

Cette discordance entre l’interprétation à un tout de notre contexte et sa réalité à deux touts, la confusion entre l’environnement et le milieu, ou rejeter le vivant civilisation pour se convaincre d’un vivant produit physico-chimique contribuent à notre crise écologique, affaiblissent nos échanges, notre compréhension, nos éthiques et retardent notre progrès.

On voit que la crise écologique est bien plus qu’une crise technologique : c’est une crise ontologique. Il nous faut une révolution intellectuelle pour avancer. Peut-être le renversement de l’illusion d’un contexte à un monde, de la même manière qu’on a, au XVIe siècle, renverser l’illusion d’un soleil tournant autour de nous pourra apporter celle-ci.

Il s’agit donc de faire lutter le vivant contre l’environnement.