DIFFERENCIER LE MILIEU ET L’ENVIRONNEMENT
LA SURVIE DU PLUS FORT EST SURTOUT UNE BLAGUE À TOTO
Connaissez-vous l’histoire des japonais qui adorent les poissons frais? Ils les adorent tellement qu’à force de les pêcher, les côtes japonaises s’en sont petit à petit vidées. Ce phénomène commença il y a longtemps. Il repoussa la pêche toujours plus au large. Bien sûr, les bateaux s’adaptèrent, devinrent plus gros pour aller toujours plus loin mais cela entraîna un voyage retour plus long et un nouveau problème : le poisson n’arrivait pas assez frais pour les consommateurs japonais.
Les bateaux de pêche se munirent alors de congélateurs… Malheureusement, les clients japonais ne goûtèrent que peu ce poisson frais congelé : Ils l’achetaient à contre-coeur et surtout à moindre prix. On innova alors à nouveau par de larges cages flottantes. Les bateaux y attrapaient les poissons vivants et les tractaient jusqu’aux ports. Échec là encore : Les japonais n’aimaient pas le goût rendu fade de ce poisson dégradé par son immobilité ! Les pêcheurs sont très patients mais aussi très malins. Ils finirent par trouver la solution et par rendre l’appétit à leurs clients.
Voilà la fin de l’histoire : Les entreprises de pêches rajoutèrent, au milieu des poissons dans les cages flottantes… devinez quoi… deux ou trois requins. Ainsi, sans cesse sollicités par leurs prédateurs, comme magnifiés par ce défi sauvage de la survie, les poissons restent frais et gardent leur qualité supérieure. Fin de l’histoire.
Elle est basée sur la légende urbaine de la survie du plus apte dont le ressort fonctionne comme une blague à Toto : “Pourquoi Toto trouve-t-il toujours sa casquette là où il la cherche en dernier? Eh ben justement parce qu’après, Toto arrête de la chercher!” C’est juste et logique mais vide de sens : C’est une totologie (mot que les dictionnaires ne savent pas écrire sans faire de faute d’orthographe, ils écrivent totologie, tautologie).
DIFFÉRENCIER LE MILIEU DE L’ENVIRONNEMENT
AVERTISSEMENT AUX LECTEURS :
Les paragraphes suivants sont une astuce de jardiniers, développeurs de biodiversité et malheureusement non un discours officiel de l’organisation des nations unies (ONU).
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En effet, la survie du plus apte est surtout une logique qui révèle juste qu’un vivant est meilleur qu’un mort (sans blague !).
La réalité est que les êtres vivants se comportent exactement comme une civilisation.
Ils se construisent un milieu, qu’ils imposent à l’environnement, et qu’ils proposent à tous les individus – pour développement bien sûr (pas seulement pour le mettre en conserve).
La biodiversité, elle, donc protège son milieu mais pas…l’environnement.
L’environnement hostile à conquérir peut être cosmique ou terrestre (le vivant et son milieu ne maitrise qu’une petite partie du caillou Terre) mais aussi désormais synthétique.
Cet environnement-là créé par l’homme est, en effet lui aussi, peu digestible par le vivant (Il faut dire que c’est même souvent le but de l’environnement synthétique que de ne pas être digestible par le vivant).
Distinguer milieu et environnement est un truc de jardinier, développeur de biodiversité. Tout cela ne prévaut pas à l’ONU.
En effet, en 1972 à Stockholm, elle grave dans son marbre que l’environnement est un, et qu’il n’y a vraiment que l’homme pour, “par son dur travail” le modifier (5ème point de la déclaration finale de la conférence de Stockholm).
La myopie de l’ONU complique franchement les choses.
C’est dommage de passer à côté de cette clé de compréhension de notre contexte: Sans elle, le développement durable devient tout de suite bien plus opaque.
Cela fait, par exemple, qu’à l’autre bout de la chaine, Romain Sarels, s’énerve en triant ses boites à camembert.
Là où une logique simple aurait pu lui offrir deux poubelles, une pour le milieu et l’autre pour l’environnement, Romain se retrouve devant un tri si complexe qu’il en perdrait son humeur et son développement durable.
Aussi, deux poubelles auraient été compatible avec la toute fraichement votée économie circulaire, celle-ci se rapprochant doucement de cette distinction par la simplification biologique vs technique.
FIN DE L’AVERTISSEMENT AUX LECTEURS :
Les paragraphes suivants font désormais parti du domaine autorisé… Même qu’on y composte les morts.
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SAVOIR COMPOSTER UNE BALEINE
La ville de San Francisco, tout en pragmatisme, s’est rapprochée, elle, de cette simplification et vise avec elle le zéro déchet.
Elle a mis en place trois poubelles : Une qui retourne au milieu par le compostage , une qui renvoie vers l’environnement technique par le recyclage et une dernière, appelée trash (déchet), qui mettra en décharge le restant.
L’idée du zéro déchet est de faire disparaitre la poubelle trash et le comportement qui va avec (la collecte de cette poubelle est la seule des trois à être payante).
Petite remarque : La poubelle à compost de San Francisco accepte non seulement les déchets végétaux mais aussi ceux carnés… Faut dire qu’aux USA, on n’a pas peur de composter.
Stacy Studebaker découvre une baleine morte? Allez hop, compost! (mais pas trop tout de même afin de récupérer les os pour en faire un trophée).
L’environnement hostile (cela se passe en Alaska où le froid peut geler un compost) et la taille de la baleine (11 mètres) ne sont après tout que logistique. Si le principe est bon, des solutions peuvent être trouvées. Exact : le résultat en est même soufflant.
Stacy n’était pourtant qu’une amatrice et a fait quelques menues erreurs dans son compost de baleine. Les musées bien établis font eux appel à des composteurs expérimentés.
Il y a aussi les conseils de l’université de Cornell qui, elle, explique en toute simplicité aux éleveurs comment composter leurs chevaux et autres animaux morts. Il ne restait que quelques pas à faire pour adapter l’idée à l’humain.
D’ailleurs, Edward Abbey (dont on parlait ici) avait bien rendu, à l’époque, son corps au milieu sauvage mais cela restait, comme souvent avec lui…illégal.
Désormais, des cimetières, aux USA, en Allemagne ou même dans le Grand Londres organisent légalement le retour à la terre.
D’autres vont même jusqu’à réfléchir à une version ultra-urbaineet moderne (avec récupération du compost).
LE COMPOST EST PLUS QU’UNE RESSOURCE: C’EST UN MILIEU
La ville de San Francisco gère le compost comme une ressource.
Elle récolte et centralise la matière organique pour compostage et transformation (addition de sable, gypse, etc. selon les desiderata de ses clients) puis organise sa redistribution.
Il se passe deux mois entre la récolte des matières organiques par la ville et sa livraison en compost amendé chez le client. La ville surnomme ce parcours de distribution la rivière organique.
Mais la ville de San Francisco invite aussi à composter chez soi dès cela possible.
C’est une action qu’affectionnent tout particulièrement les jardiniers, développeurs de biodiversité.
On l’a vu au début de cet article, le compost est un milieu pour le vivant bien avant d’être une ressource (pour lui ou pour la ville).
Ainsi, composter c’est vraiment excellent… quand composter sur place, c’est juste encore mieux. Et voilà quelques raisons pour cela:
Pour… mais aussi par la biodiversité :
On l’a vu pour la dynamique positive du rewilding, on ne peut aider la biodiversité avec les techniques de l’étalement urbain. Il faut travailler pour et par la biodiversité.
Ainsi, composter sur place, tout en développant le vivant, réduira les transports d’évacuation, de distribution, la consommation en carbone du compostage industriel, la déconnection de la biodiversité avec son milieu.
Le milieu régule l’environnement :
Le compost est un refuge idéal à la biodiversité pendant les moments difficiles. Il conserve l’humidité face au soleil trop fort et fournit de la chaleur au coeur de l’hiver.
Il retient les oligo-éléments face au lessivage du sol pour au contraire les libérer pour les végétaux. Il mate l’environnement pour aider la progression des racines et des petits animaux.
L’étalement du sauvage :
Le compost in situ est un des lieux- ressources en biodiversité de votre jardin mais aussi de la ville.
Il sert de camp de base aux petits animaux locaux (passereaux, insectes, petits mammifères) et aussi de pas japonais (de relais urbain) pour l’étalement du sauvage en ville.
Les jardiniers, développeurs de biodiversité, savent augmenter cette propension par l’aménagement et l’installation de refuges (dans et autour du compost), que ce soit pour les hérissons, les escargots, les oiseaux, insectes, etc.
La joie du jardinier, développeur de biodiversité :
Un compost est facile à cacher et encore plus facile à intégrer au jardin.
Cela offre au jardinier tout le loisir d’en faire bon usage, pour ne pas laisser un sol nu, pour rendre son cachet aux jardins de tradition, pour apporter une originalité aux jardins architecturés, pour
ouvrir un espace découverte aux jardins pédagogiques, etc. Il n’existe en fait juste aucun jardin ou espace vert qui ne résiste à l’intégration des composts des jardiniers, développeurs de biodiversité.