Natural City Park London copie

6/9 – RÉ-IMAGINER NOTRE RELATION À LA NATURE

RÉ-IMAGINER NOTRE RELATION À LA NATURE (pdf)

Pour une biodiversité citoyenne (d’honneur) et pour un parc national de Paris.

On en a parlé ici, un regroupement de citoyens et d’organisations pro-nature proposent de faire du Grand Londres un parc nationalL’idée est non seulement belle mais aussi logique (Londres est de loin la région anglaise la plus riche en biodiversité) et légitime (pourquoi réserverait-on le meilleur de la nature seulement aux animaux sauvages et non pas aussi à nous-même?). Cependant, une telle initiative demande de bons garde-fous pour ne pas dériver en fausse bonne idée…

London National Park City en danger de « lazy thinking » ?

Le petit livre blanc publié mi-juillet par l’équipe en charge de la campagne relèverait, pour certains, du lazy-thinking (de démagogie).
Son sous-titre est aussi révélateur que malheureux : « créer la première ville parc national ».
En effet, l’importance d’une telle idée n’est pas justement d’être premier mais… premièrement d’être juste.

Faire de Londres, une ville, un parc national ne s’adresse pas aux seuls londoniens mais bien à toutes les villes. Un certain universalisme est requis.
Il faut penser globalement avant d’agir localement.

Et comme Londres est loin d’être une entité durable, la qualifier de parc national, sans fournir ce travail ontologique (de recherche de sens universel) deviendrait une régression et pas une progression.
La fête risque de n’être qu’illusion.

La couverture du livre blanc de London National Park City

 

Une autre action périlleuse du mouvement sont les sirènes du marketing que l’équipe de campagne fait clairement retentir pour multiplier les adhésions : Faire de Londres un parc national créerait une marque mondiale.

Nombres d’organisations sont converties par les retombées espérées de ce «rebranding».
Cela excite logiquement plus celles pro-business que celles pro-nature.
Ces sirènes du marketing pourraient vite se transformer alors en chimères une fois libérées dans la nature.

C’est un risque d’étalement urbain créé par les parcs nationaux qui est classique : Il se dit même que quand on aime un endroit… alors on n’en fait pas un parc national.

Et, à y regarder de plus près, si une chose ne manque déjà pas à Londres, c’est bien l’argent.
Ainsi, plus d’argent encore pour une des capitales du capital ne lui apportera bien sûr pas plus de sens écologique. Celui-ci se cache décidément ailleurs.
Il réside en fait dans le fait de…

Réinventer notre rapport à la nature

La grave crise écologique actuelle nous rappelle la nécessité de réinventer le rapport de notre civilisation à la planète et au vivant.
Penser la cité parc national en est une occasion majeure. Faisons un essai!

Durant le dernier demi-siècle, la protection de la nature a beaucoup progressé.
Elle est passé de la création de béates réserves à celle de vrais territoires pour la biodiversité.
Notre société a en effet compris que le véritable moteur de la nature sont les êtres vivants. On lui a donc reconnu ces réserves comme étant ses territoires.

Et notre compréhension de la biodiversité s’affine encore.
On s’aperçoit désormais qu’elle est plus qu’un moteur. Sa nature se rapproche plutôt de celle d’un cultivateur, d’un acteur (on en parle ici).
On doit donc lui reconnaître aussi ses actions, sa culture!

Voici donc une porte universelle utilisable pour faire entrer la biodiversité dans la cité.
On peut reconnaître à la biodiversité, en plus des territoires où elle se trouve, mais, surtout aussi indépendamment de ceux-ci (donc universellement), ses actions.
La nature (à préserver), ce ne serait pas seulement la biodiversité mais surtout, aussi, la culture de la biodiversité.

La biodiversité doit être reconnue indépendamment des espaces sur lesquels elle se trouve

 

Waouh, un essai de 3 paragraphes? Non, pas vraiment : la biodiversité n’étant que la fraction vivante de la nature, il faudra encore expliquer son articulation avec l’autre fraction.
On en parlera (un peu), un peu plus tard.

Avant cela, on voit que ce concept de culture de la biodiversité marche dans les deux sens (et là, Londres prend toute la lumière) : La culture de la biodiversité, c’est quand on cultive la biodiversité (Waouh Londres et sa culture horticole… ici un exemple parmi tant) mais la culture de la biodiversité, c’est aussi quand la biodiversité cultive (Waouh bis Londres et ses parcs… ici un exemple parmi tant).

Il serait ainsi plus juste pour les cités d’intégrer la biodiversité non pas comme de la simple nature mais comme un acteur, un concitoyen.
Et les cités devraient aussi reconnaître la production de ce concitoyen comme étant autant sa culture que la nôtre.

 

Appel pour faire de la biodiversité un citoyen (d’honneur) de la ville de Paris

Ainsi, pour ceux sensibles à la grave situation dans laquelle se trouve la biodiversité, voici un appel qui peut être adressé à la ville de Paris (ici par exemple).

Il propose, au moment de la COP21, de faire de la biodiversité un citoyen d’honneur de notre capitale.
Cela revient à accorder symboliquement à la biodiversité protection et reconnaissance.
La biodiversité citoyenne de Paris est aussi un pas vers la cité parc national.


Chère Ville de Paris,

Je désirerais proposer le titre de citoyen d’honneur de la ville de Paris à la biodiversité.

Je pense qu’accorder la citoyenneté (d’honneur) à la biodiversité, que lui fabriquer pas à pas, un vrai droit de cité, forme une réponse pertinente à notre crise écologique (tant celle climatique que celle de la biodiversité).

La citoyenneté d’honneur formerait une protection symbolique, informelle mais forte, à la biodiversité (nous savons désormais que la biodiversité est faite d’individus fragiles et en grand danger que nous devons impérativement protéger). La citoyenneté d’honneur est aussi une forme de reconnaissance nécessaire pour tout le bien-être que la biodiversité nous offre (la biodiversité est surtout une «civilisation» puissante nous protégeant et dont nous voulons résolument faire partie).

Je pense que cette citoyenneté (d’honneur) et ce droit de cité pourrait former un chapitre dans le prochain plan biodiversité de la ville de Paris et aussi qu’elle a toute sa place dans la contribution de la ville à la COP21.

En effet, donner la citoyenneté à la biodiversité correspond à travailler à cette renaissance (autant littérale que pratique) du XXIeme sur laquelle la COP21 nous invite à réfléchir et à travailler.

En attente de votre retour,

Respectueusement vôtre ,


De l’environnementalisme au bi-paradigmatisme

Reprenons l’essai… Il paraît qu’on utilise deux paradigmes dans notre rapport à la nature : le pilotage et la fabrication.
Vertdéco parle d’invitation et d’invention.
Pour Vertdéco, ces deux façons de penser ne sont pas inhérent à l’homme mais ne sont en fait que la réflexion des deux paradigmes existants dehors : La biodiversité et l’environnement (dont la biodiversité ne fait donc pas partie).

Avec deux paradigmes dehors, il est de bon sens de devoir mobiliser deux pensées pour les appréhender.
Cela fait un œil pour l’environnement, et un œil pour la biodiversité (et aussi une et rien qu’une poubelle de tri pour chacun de ces paradigmes).
Choisissons donc le bon œil (et la bonne poubelle) pour inter-agir avec notre contexte.

Ce bi-paradigmatisme se retrouvent bien sûr aussi dans les parcs nationaux.
Quand les grimpeurs du Parc National des Calanques ont fait des pieds et des mains (normal pour des grimpeurs) pour que leur pratique y soit autorisée, ce n’était pas du tout au titre de la biodiversité.
Leur démarche est pourtant parfaitement justifiée.

Exemples de proposition d’escalade dans le Parc National des Calanques (Calanque de Morgiou, non loin de la fameuse grotte sous-marine Cosquer)

Une fraction de la nature est autre que biodiversité. Elle est environnement.
Et bien que cette fraction semble infiniment plus forte, il est dans la nature du vivant, depuis toujours, de la dompter, de la dépasser.
Il est dans la nature de la biodiversité de se jouer de la nature de l’environnement.

Oh qu’est-ce qu’on est bien quand on grimpe un sommet, trek une vallée, remonte une rivière ou quand on en descend un rapide, surfe une vague, dort à la belle étoile et quand on profite d’un paysage!
C’est qu’on se retrouve là dans la même action que la biodiversité, dans sa culture. On se joue de l’environnement.
C’est un moment où on se retrouve biodiversité!

Daniel Raven-Ellisson, l’initiateur de la campagne London National Park City, l’a très bien compris. Il a grimpé plusieurs fois l’Everest sans jamais sortir de Londres.
Il trek aussi dans la ville comme il trek dans un parc national, allant sans moteur pour mieux affronter l’environnement.
Baptiste Lanaspeze avait déjà fait de même à Marseille (et depuis aussi à Paris).
Pas étonnant qu’une partie de Marseille soit déjà parc national.

Paysage urbain en illustration du compte twitter d’un éditeur, auteur et randonneur (auteur du 1er chemin de grande randonnée urbain)

 

Une cité national parc, cela pourrait donc être cela: Une grande zone d’adhésion avec une biodiversité citoyenne, invitée, protégée et reconnue, elle et aussi son action contre l’environnement.

Un environnement, lui, fabriqué de telle sorte qu’il permette à nous aussi d’en jouer sans moteur, d’être biodiversité, d’explorer et d’exprimer notre culture de vie. Le tout formant des paysages vivant et beaux à couper le souffle.

Appel pour un parc national de Paris

Et voilà, on est bon pour un deuxième appel.
Ceux intéressés peuvent l’adresser à la ville de Paris (pour rappel, ici par exemple).

Il propose, au moment de la COP21, d’engager la réflexion pour faire de Paris un parc national.


Chère Ville de Paris,

Je désirerais que la ville de Paris, à l’occasion de la COP21, lance la réflexion pour devenir une ville parc national.

Voici mes raisons : La crise climatique et la crise de la biodiversité sont deux expressions mondialisées d’une seule et même crise écologique. Pour la résoudre, il nous faut ainsi réinventer notre rapport à la planète et au vivant et faire renaître notre civilisation (au sens autant littéral que pratique).

La COP21 nous invite à engager ce travail et je pense que le concept et la mise en place d’une ville parc national en est une occasion idéale. Donner le statut de parc national à Paris libérera aussi de nombreuses idées à venir chez les acteurs de notre capitale.

Une ville parc national pourrait être ainsi une grande zone d’adhésion avec une biodiversité citoyenne, invitée, protégée et reconnue, elle et son action sur l’environnement. L’environnement, lui, pourrait être fabriqué de telle sorte qu’il nous permette aussi d’être biodiversité, d’explorer et d’exprimer notre culture de vie. Le tout formant des paysages toujours plus beaux et vivants.

Le parc national de Paris que je souhaite n’est ainsi pas un promoteur de l’étalement urbain mais, en sens inverse, un générateur d’étalement du vivant, autant dans son propre espace que dans l’esprit citoyen.

En attente de votre retour,

Respectueusement vôtre ,

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