Illustration de l’article du guardian

8/9 – LES ESPACES VERTS URBAINS AVANT-GARDISTES

Espace vert urbain pas de progres avec l’innovation (pdf)

ADAM PURPLE

Certains visionnaires sont si inclassables que seules leurs actions perdurent et non leurs noms.

Un exemple en littérature : Neal Cassady. Sans lui (et sans le soutien encore plus anonyme de son épouse Carolyn), pas de Electrick Kool Aid Acid Test, pas de Howl, pas de Sur La Route… Neal Cassady a juste cristallisé les mouvements beatniks puis hippies. Il ne fut pourtant pas l’auteur de toutes ses oeuvres. Il en fut le phénomène. Tous ces amis, les auteurs donc, le répéteront: Neal ne racontait pas d’histoires… il les vivait.

En urbanisme, un phénomène de ce genre-là pourrait être Adam Purple.
Avec le soutien de sa compagne (là encore), il contribua à lancer un mouvement désormais présent dans de nombreuses villes: Les fermes et jardins urbains partagés (voir l’exemple ici au Royaume-Uni).

Adam Purple est mort, à 84 ans, ce 14 septembre dernier. Sa nécrologie sur le New York Times.

Adam Purple

Adam Purple était de la même génération que Neal Cassady (d’où ses habits néo-batik) mais, lui, réussit à traverser les années 70.
Plus posé, il exprima sa contre-culture par l’agriculture urbaine : Il squatta un terrain à l’abandon dans New York et en fit, de son propre chef, un espace vert communautaire, un potager. Il l’appela le jardin d’Eden.

Nous sommes là il y a 40 ans, en 1975. Son jardin fut adopté par la population locale, et devint un exemple international.
Malheureusement, le niveau administratif de l’époque, la ville de New York, n’arriva pas à saisir ce qu’était cet espace vert.

Pour elle, ce jardin fut un OVNI urbanistique et resta comme le terrain sur lequel il s’était posé : vague. Il ne rentrait pas dans aucune case.
Comment des citoyens peuvent-ils aimer un espace vert qui ressemblent à un potager potache?
Comment du civisme peut découler de l’insubordination?
Comment ce jardin peut-il être un progrès alors qu’il n’y existe aucune innovation?

Suite à cette incompréhension, New-York – quelle grosse pomme celle-ci! – bulldozerisa ce jardin en 1985.
Elle ne s’était pas aperçu qu’elle avait devant les yeux l’exemple qu’allaient désormais chercher à recréer toutes les villes.

Heureusement, l’idée avait déjà germée avant cette destruction, un peu partout (et même d’ailleurs, à 20 minutes de là.)

Leonardo DiCaprio, le 18 juin 2015, prend la parole contre les énergies fossiles à la Plaza Cultural (petite ferme urbaine partagée, New York)

LE JARDIN D’ADAM PURPLE, 40 ANS ET TOUJOURS EN AVANCE.

Adam Purple fut un visionnaire, un innovateur qui mis un point d’honneur à ne rien inventer.
Certains verront même dans cela une régression.
Ils ne comprennent pas que l’innovation en écologie réside justement dans le fait de ne pas innover, mais d’inviter!
La vie se vit, se partage et se reproduit. Elle ne s’invente pas.

Il est difficile pour notre époque tant accro à l’invention de comprendre cela.
Mais les faits sont têtus et la crise écologique nous rappelle à l’ordre des choses… Alors, peut-être serait-il bon de comparer cette intelligence “non-innovante” d’Adam Purple avec ce qui se passera 40 ans plus tard (cette année donc) à Paris.

  • Adam Purple détourna un bien public en espace vert communautaire? La ville de Paris nous y invite désormais avec le permis de végétaliser.
  • Adam Purple compostait tous ses déchets organiques pour créer le sol du jardin d’Eden? L’ADEME propose de le faire au bas de l’immeuble.
  • Adam utilisait le crottin de cheval qu’il récoltait à Central Park pour produire de meilleurs légumes! Ce retour au circuit court et cette agriculture urbaine sont aujourd’hui promus par NatureParif?
  • Adam Purple n’a pu empêcher la ville de détruire son jardin. C’est bien aussi ce qui se passe en ce moment pour un des meilleurs jardins communautaires près de Paris.

Oups.. Que fait-là cette dernière comparaison? Notre histoire aurait dû s’en passer. Mais pourtant…

 

WHY IS A PARIS SUBURB SCRAPPING AN URBAN FARM TO BUILD A CAR PARK?

Illustration de l’article du guardian

Mince! Pour une fois que les anglais, les rois du jardinage, évoque un jardin français dans leurs journaux…  c’est pour en évoquer la destruction.
Ils se demandent “Pourquoi une ville du futur Grand Paris rase une ferme urbaine pour construire un parking?”.

Voici un petit résumé de l’article anglais:

“À moins de trois mois de la conférence sur le changement climatique de l’ONU à Paris, un projet à la pointe de la durabilité urbaine à Colombes fait face à une fermeture imminente… en faveur d’un parking. La décision prise par la Ville d’abandonner ce programme semble presque comique dans son calendrier.”

“L’incompréhension administrative autour de ce projet révèle également les difficultés qui attendent le Grand Paris. Le 1er janvier 2016, plus de 120 municipalités devront tenter de construire ensemble une identité métropolitaine cohérente, et aborderont des questions telles que la planification stratégique, le changement climatique et le développement durable”.

“Il est certain que les 400 résidents de Colombes impliqués dans le projet de R-urban auraient eu des expériences utiles à partager avec les élus de ces municipalités sur la façon de co-créer une organisation urbaine fonctionnelle.”

Et l’article anglais de finir par : “Ce serait une honte de détruire tout ce vivant, juste pour un parking ennuyeux”, avec une pétition en ligne invitant à montrer son opposition.

 

LES FERMES URBAINES PARTAGÉES : LE PLUS MODERNE DES ESPACES VERTS 

Les fermes urbaines partagées sont donc toujours aujourd’hui, après 40 ans, des OVNI urbanistiques.
C’est bien dommage, à l’heure de la transition écologique (ou non), elles ne sont ni plus ni moins les espaces verts urbains les plus modernes!
Il forme la renaissance de l’espace vert urbain. Un seul mot résume cela à lui tout seul: Ils sont des espaces verts… vivants.

Ils débordent de vie et aussi de relations pratiques à cette vie dont ils débordent. Exactement ce dont notre monde a besoin.
Ils empêchent que de toutes simples compétences au vivant (jardiner, composter, conserver des graines, tailler un arbre en espalier, partager son espace…) ne trépassent et que cette compréhension du vivant ne se compliquent pour les citoyens.

Petit tour d’horizon…

Vous avez 2 heures à tuer? Venez quand vous voulez, vous pouvez ici être membre à la journée. Il y a toujours une raison pour s’associer au jardin et au vivant.

Un espace vert avec peu d’employés et beaucoup de volontaires… Simplement accueillant

L’entrée du bureau est sans prétention… Peut-être est-ce là son charme?

Voici un espace réunion pour les professionnels, salle de classe pour la réception des petits, bivouac pour les randonneurs urbains, espace repas pour les travailleurs de midi… À vous de vous l’approprier et de créer votre monde.

 

Le design du mobilier urbain est d’un design… comment dire… “comme à la maison”. N’est-ce pas là le top du confort?

Tous les codes sont cassés… Une fleur dans une grosse caisse ? Parfait, que la fête commence !

Les collations sont aussi faites maison, incitant les riverains à s’intégrer et converser.

Jour de rassemblement! Vous faites partie de l’espace vert. Voilà pourquoi les fermes urbaines ont ce petit truc en plus. Elles sont plus proches des gens.

 

Les petits surplus de (votre) production seront vendu sur place.

La ferme urbaine de Kentish Town accueille aussi un tout petit club d’équitation depuis la fin des années 70!

On explique et enseigne ici l’apiculture mais aussi le compostage, le jardinage, le greffage… enfin tout pour rendre notre monde plus vivant.

Les jardiniers s’enseignent entre eux.


Les grands-parents enseignent à leurs enfants.

 

Domaine zoologique, outil de conservation des races, petit élevage… Cela, c’est le versant professionnel de la ferme urbaine. Pour les enfants, c’est comme un zoo.

Un âne à deux pas de la City!

L’union parachève la force des fermes urbaines.

 

ET LE JARDINIER, DÉVELOPPEUR DE BIODIVERSITÉ DANS TOUT ÇA?

Les fermes urbaines sont un Graal pour les jardiniers, développeurs de biodiversité. En voici quelques raisons :

  • Créer des jardins inclusifs, pas exclusif

Les fermes urbaines sont des points ressources et des points relais en compétences du vivant.
Toutes les étapes du jardinage y sont montrées.
Pas de filtre ni de filet ici, l’utilisateur sort du concept de nature et de ferme décor pour rentrer dans celui de la biodiversité et du vivant, donc du partage.
Cette inclusion permanente de tous et du vivant est bien la vision du jardinier, développeur de biodiversité.

  • Inviter le vivant, inventer la ville 

Il y a deux paradigmes dehors : L’environnement et le vivant. Le premier s’invente et le deuxième s’invite.
Pour réussir notre développement durable, nous devons inventer la ville tout en y invitant le vivant.
Le réseau des fermes partagées urbaines sont donc un fleuron urbanistique où se développeront les meilleures solutions du XXIème siècle.
Les jardiniers, développeurs de biodiversité, ne peuvent qu’apporter leurs soutiens sans réserve à ces espaces d’avant-garde.

  • Réussir le design “comme à la maison”

Les entreprises sont désormais intéressées par apporter une valeur et dimension supplémentaire à leurs espaces verts : La convivialité, le “comme à la maison”, l’appropriation des lieux par les employés.
Les fermes urbaines forment donc ce paysage dans l’imaginaire collectif et permettent aux jardiniers professionnels (avec l’aide des employés) de le propager jusqu’au sein des entreprises.

  • Lancer l’urbanisme animal

Le jardin-décor strictement végétal reste est une émanation de la ville insoutenable. La ville du XIXe siècle fut grise, celle du XXe devint verte et il reste, pour le XXIe siècle, à inventer la ville plus que verte : la ville vivante. Pour cela, il nous faut construire un droit de cité animal, passer du concept de corridor vert à celui de matrice vivante, de nature à celui de milieu. Ceci est un des objectifs du jardinier, développeur de biodiversité et est ce que produit les fermes urbaines partagées.

Espace vert urbain pas de progres avec l’innovation – (pdf)