Today is the launch of the London Sustainable Drainage Action Plan: https://beta.london.gov.uk/what-we-do/environment/environment-publications/draft-lsdap … #LDNSuDS
9/9 – LE NATURE WRITING
C’EST LA VIE QUI CRÉE L’EAU
Dans la relation entre le vivant et l’eau, c’est la vie qui crée l’eau et non l’inverse.
WANGARI MAATHAI
Certains pensent que c’est l’eau qui crée la vie et, heureusement, il y en a d’autres qui pensent encore l’inverse.
Ils savent, bien sûr, que c’est la vie qui crée l’eau: Les êtres vivants ne sont pas en état de nature mais en action de culture.
L’eau est comme le sol, un produit du vivant.
Cette vérité-là semblera contre-intuitive à certains, surtout à ceux ayant bien suivi les cours de biologie. Ils y ont appris la vie sans… trop de vie (et même avec de la vie morte). Pas étonnant ainsi qu’on ne comprenne, adulte, pas grand-chose au vivant et qu’il y ait une crise écologique majeure dehors. Heureusement, des lueurs d’espoir, s’allument de temps en temps.
Heureusement aussi que des gens importants ont pu apprendre le vivant avant d’aller à l’école (vive l’école buissonnière!).
Wangari Muta Maathai (1940-2011) fit partie de ceux-ci.
C’est sa mère qui lui enseigna, très tôt et de manière traditionnelle, l’équation qui existe entre l’arbre et son milieu : c’est l’arbre qui crée le ruisseau et non l’inverse.
Une fois à l’école, Wangari se débrouilla aussi très bien, si bien même, qu’elle fut, exactement comme Barack Obama Senior, littéralement aéroportée aux USA pour y parfaire ses études.
L’Amérique, rien de mieux pour ceux qui aiment la vérité? Peut-être, oui : Wangari y fut témoin des combats locaux pour les droits civiques et aussi, accessoirement, devint la première femme d’Afrique de l’Est à obtenir un doctorat.
Bardée de ses deux acquis, elle revint travailler au Kenya pour bien sûr… échouer dans sa vie professionnelle.
Premièrement, elle était une femme et les femmes n’avaient pas à réussir (elle fut répudiée par son mari, renvoyée par ses employeurs, dénigrée par son gouvernement).
Deuxièmement, le travail que lui dictait sa vérité n’existait pas. Les arbres avaient disparu. Le pays courrait donc un grand danger.
Elle voulait le sauver en replantant ses arbres. Les instances locales, désormais nourries aux sciences occidentales (et gérant les forêts donc… à la coupe) ne comprenaient rien à la logique et à la finalité de paix de cette action.
Ben oui, à quoi bon développer le vivant? Ben déjà parce que le vivant. Puis, aussi parce que l’eau, les sols, le climat, la nourriture, l’air, etc. etc. etc.
Au bout du compte… parce que la paix. Malheureusement, cette équation vivant-paix était devenue trop obscure pour les élites locales (ne rigolons pas trop d’eux, la méthode complicato-mortifère se trouve chez nous aussi).
Wangari dut alors s’appuyer seulement sur les villageois (surtout les villageoises) pour sauver son pays.
Après une vie de batailles, elle replanta et fit replanter de son vivant plus de 30 millions d’arbres au Kenya.
S’il fait moins chaud et s’il y a moins de guerre sur cette planète, c’est un peu grâce à elle.
LE NATURE WRITING POUR TRANSMETTRE L’IDÉE DU VIVANT
Wangari Maathai est une personne importante dans la pensée écologique. Ses résultats parlent d’eux-même, et il y a aussi son prix Nobel de la paix (2004) pour nous rappeler la chose. Elle fut d’ailleurs la première personne à recevoir ce prix pour une action écologiste.
Pourtant, quand on regarde les anthologies de la pensée écologique, les chercheurs et philosophes environnementalistes ne parlent pas d’elle (ici par exemple).
Peu arrivent en fait à bien voir ce que, elle, Wangari Maathai, voyait : Cette vie protégeant la vie, comme une civilisation qu’en fait, notre vivant est.
Le fait est que notre science n’explique pas le vivant comme étant une civilisation.
Elle veut la saisir par la mécanique physico-chimique comme elle saisit l’environnement (et la souris morte du collège).
La vie est réduite à des mécaniques sans vie. Elle est confondue avec l’environnement, voire l’inverse ou carrément, chez les chercheurs les plus positivistes (vraiment?), complètement supprimée.
Une autre forme d’expérience et donc de littérature, s’est alors saisie de ce travail de transmission du vivant au grand public : Le nature writing.
Peut-être qu’en lisant, par exemple, Le lièvre de Vatanen, vous comprendrez, comme le héros du livre, ce que veut dire être vivant (et ainsi toute la beauté du nature writing).
Un des représentants de ce genre littéraire était à Paris le mois dernier : Dan O’Brien.
Il est depuis plusieurs années à la tête d’un ranch de bisons.
Avec lui – surtout avec eux – Dan redonne littéralement vie aux collines du grand Ouest américain.
Ses bisons sont comme les arbres de Wangari : Ils créent l’eau.
Ce sont eux qui prennent la tête de la coalition du vivant contre l’environnement.
Avec toute la petite flore et la petite faune du coin, il développe l’eau comme on fait avec la vie: en la multipliant.
L’EAU EN VILLE : VIVE LES SANS-TUYAUX!
La ville pendant longtemps ne voyait pas non plus le sens de la relation entre le vivant et le milieu, entre le vivant et l’eau.
Elle gérait donc l’eau, un peu comme si elle se trouvait dans une expédition scientifique en terre inconnue voire comme si elle planait haut dans le ciel. Elle l’imagine ainsi passant sans cesse par des tuyaux.
Cette vision déconnectée du milieu s’avère non durable. Les effets négatifs s’accumulant, la ville se voit désormais forcer de faire bouger les choses. Les exemples sont nombreux. Le plus connu est celui de la ville de New York.
Faute d’argent, notre veille pomme (on l’a vu déjà ici) ne pouvait pas s’acheter les stations de traitements des eaux qu’elle nécessitait.
Elle dut ainsi se rabattre sur un projet bien moins onéreux: La restauration des forêts en amont de son approvisionnement en eau.
Cela fonctionna. C’est l’exemple du Catskill!
Plus proche de nous, ce rétablissement de la relation entre l’eau et le vivant est le thème du jardin du parc du Chemin-de-l’Ile à Nanterre.
Il reconstitue de manière technico-paysagère le vivant des bords de seine.
Celui-ci passe à l’action et recrée une eau de rivière digne de ce nom.
Encore plus à l’intérieur de la ville, on trouvera d’innombrables projets de plus petites tailles et plus localisés pour retirer les tuyaux séparant le vivant et l’eau.
La ville de Londres en rassemble l’esprit dans un programme.
L’effet négatif du tout-tuyau que Londres combat premièrement ici sont les inondations.
Mais la grande bataille pour rétablir la relation entre l’eau et le vivant ne s’effectue pas seulement sur le sol.
Elle se passe aussi dans l’eau elle-même avec des solutions flottantes.
De nombreuses solutions existent, professionnelles (comme ici et là par exemple) ou artisanales.
Les exemples sont, là aussi, désormais innombrables.
ET LE JARDINIER DÉVELOPPEUR DE BIODIVERSITÉ DANS TOUT CELA…
Dire que le vivant crée l’eau n’est pas une provocation marketing ou un raisonnement animiste.
C’est, comme le nature writing nous le raconte, parler avec réalisme de l’affrontement se déroulant sur Terre entre l’environnement et le vivant pour la prise en charge de la matière eau.
Le jardinier, développeur de biodiversité, dans son travail de tous les jours le comprend et participe à cet effort du vivant pour le vivant.
Cela se décline en de multiples compétences :
Comprendre l’eau vivante : La gestion de l’eau vivante est une compétence obligatoire pour tous jardiniers.
Cette compétence nouvelle permet l’installation et la prise en charge de nombreuses solutions de biodiversité tels que les bassins de baignade naturelle, les noues d’évacuation d’eau, les rives de bassins, les îlots flottants, les stations de lagunage, etc.
L’action in situ : Le chemin le plus court vers le vivant, c’est la vie elle-même.
Au lieu d’évacuer la matière extraite d’un jardin par camion ou par tuyau, les jardiniers cherchent à inviter la biodiversité sur place pour qu’elle la gère et la transforme en milieu.
Cette invitation toujours plus massive du vivant est une compétence nouvelle aussi.
La préférence donnée au sans-tuyau : De nombreuses solutions “vertes” mais avec tuyau apparaissent (exemple).
Anti-écologique, elles ne créent quasiment aucun milieu mais à l’opposé, créent son opposé : de grandes quantités d’environnement synthétiques.
Le jardinier préfère ainsi les solutions sans tuyaux. Cette différence entre milieu et environnement est une compétence nouvelle du jardinier.
Intégrer la biodiversité : L’intégration du vivant est une compétence ultime du vivant.
Savoir rentrer en contact avec le vivant, le comprendre par l’action autant que la pensée est une compétence importante.
Wangari Maathai le disait ainsi : “Si tu n’as pas planté, fait grandir et fait vivre un arbre, tu n’aurais jamais rien fait”.