Rosa-canina-flower

PLANTES SAUVAGES vs PLANTES HORTICOLES : QUELLES DIFFERENCES POUR NOS ECOSYSTEMES ?

Avant de comprendre l’impact des plantes horticoles ornementales dans nos jardins, il faut expliquer comment et dans quel but elles ont été sélectionnées.

Les végétaux ont été cultivés puis sélectionnés par l’Homme depuis 10 000 ans lorsqu’ils se sont sédentarisés. De manière empirique, les hommes ont commencé à sélectionner les légumes en plantant d’une année sur l’autre les graines des plus gros fruits. C’est le début de l’agriculture.
Par la suite l’Homme commencera à sélectionner des plantes pour leur coté esthétique. On retrouve des témoignages historiques qui évoquent la présence de roses cultivées en Chine il y a 5000 ans. De même les naturalistes de l’antiquité décrivent des roses à plusieurs pétales chez les Egyptiens, les Grecs et les Romains.

Rosa canina : souche sauvage de nos roses ornementales.
Elle présente un grand intérêt pour les insectes de nos écosystèmes

Provenant de souches sauvages comme Rosa canina, les roses ont été sélectionnées au fil des années pour leur couleur, leur nombre de pétales ou leur odeur. L’ensemble des végétaux que l’on retrouvera communément dans les jardins tout au long des siècles, aura subi le même phénomène de sélection. La sélection des plantes horticoles à destination de l’ornement des jardins a poussé à favoriser les critères de couleur, de forme, de parfum, de taille ou de résistance aux parasites au détriment de la diversité.

Plus récemment, les végétaux seront soumis à l’hybridation. Les premières expérimentations remontent à 1845 avec les travaux d’Henri Lecoq sur le maïs. Là aussi, cette technique, tout d’abord dédiée à l’agriculture pour augmenter les rendements et la qualité des légumes, sera ensuite mise en place pour les végétaux d’ornements. Les objectifs de l’hybridation sont les mêmes que la sélection.

L’hybridation consiste à croiser deux variétés différentes. Chez les végétaux, le résultat de ce croisement est un hybride F1. L’ensemble de la descendance d’un croisement présente les mêmes caractéristiques génétiques, on parlera alors de clones. Ces hybrides peuvent ne pas être fertiles et ne peuvent donc pas se reproduire. D’autres peuvent se reproduire mais la descendance est différente des parents, souvent chétive. On dit que la variété est instable.

Dans la nature, les plantes évoluent aussi et sont soumises à la sélection naturelle. Ce phénomène de sélection naturelle a permis de produire deux choses primordiales :

– d’une part une diversité génétique importante au sein de chaque espèce

– d’autre part une évolution lente (pendant des millions d’années) en lien avec les autres espèces présentes dans l’écosystème ; les insectes en particulier pour les végétaux.

 

La diversité génétique au sein de la population d’une même espèce permet à celle-ci d’être plus résiliente aux attaques qu’elle pourrait subir. Prenons l’exemple d’une attaque de champignons sur une espèce. Certaines plantes, grâce à leurs caractéristiques génétiques, pourront mettre en place des stratégies pour maîtriser puis résister à cette attaque. Si une partie des individus de la colonie est tuée, la population restera malgré tout pérenne grâce aux individus résistants.

Aux contraire, chez les hybrides, les individus étant tous des clones, si un individu pathogène venait à les attaquer, l’ensemble de la population serait vouée à mourir.

L’évolution des plantes, en lien avec les insectes suit le chemin suivant. Au départ les plantes se revêtent de leurs plus belles parures (les fleurs) pour attirer les insectes pollinisateurs dans l’espoir de se reproduire et ainsi perpétuer l’espèce. Les individus ayant les plus belles fleurs (les plus voyantes, les plus résistantes dans le temps….) ont donc un avantage sur les autres et auront plus de chance de se reproduire.

Les plantes produisent du nectar, principalement dans leurs fleurs pour attirer les insectes. Ces insectes, en venant se nourrir de nectar, récolteront sur eux du pollen qu’ils transporteront ensuite vers une autre fleur et ainsi permettront la reproduction de l’espèce. De la même manière, la qualité, la quantité et la disponibilité du nectar dans les fleurs jouent un rôle important dans la sélection naturelle de l’espèce. Par exemple, au cours de l’évolution, les végétaux ayant des fleurs avec une corolle facilitant l’accès au nectar pour les insectes ont plus de chance de se reproduire et donc de perdurer. Les pieds ayant des fleurs avec le nectar le plus riche et le plus attractif ont eu plus de chance de se reproduire et donc d’être encore présents de nos jours. C’est ainsi que les plantes sauvages sont parfaitement adaptées aux insectes de la même zone.

Cette sélection naturelle a créé dans le monde entier des plantes adaptées aux espèces de l’écosystème qui les accompagnent. Les interactions créées pendant ces millions d’années entre la faune et la flore sont multiples. La flore est la première ressource de nourriture de nombreuses espèces, les insectes, les oiseaux granivores, les herbivores… Ces espèces forment la base des chaînes alimentaires qui constituent les écosystèmes. Sans ces espèces, pas d’écosystème et donc pas de vie.

Au contraire les plantes nouvellement introduites dans les écosystèmes comme les plantes exotiques et les plantes horticoles ne sont pas connues par les autres espèces de l’écosystème et ne présentent pas tout le temps de ressources disponibles pour les insectes locaux.

Evidement les contre exemples existent et certaines plantes exogènes sont très attrayantes et fournissent le gîte et le couvert aux insectes et autres espèces de l’écosystème.

Plus qu’un simple fleurissement, la qualité des végétaux d’un jardin permettra ou non d’attirer des insectes, de former un écosystème et de permettre à la biodiversité de se développer.