Pour une fabrique du droit de cité animal
Fabriquer le « droit de cité » pour l’animal en ville revient à lui offrir une domiciliation gérée en échange de ses bons et loyaux services. Comme pour le végétal, cela se fait par l’intermédiaire du jardinier. C’est ce dernier qui doit veiller à ce que l’animal, tout comme il le fait pour le végétal, n’interfère pas négativement avec la sphère humaine (santé publique, protection des bâtiments, retrait des espèces invasives…) et à ce qu’il rende service à la cité (esthétisme, aménité, éco-service…).
La domiciliation gérée…
… est, comme pour le végétal, affaire de volonté et de savoirs simples et non de possibilité. L’animal ne fait pas la différence entre sauvage et artificiel. Il se développe sur son contexte, la preuve s’il en faut, est donnée par ceux résidant déjà en ville. Les inviter à travers des refuges est une simple affaire de professionnels du vivant, entre autre des jardiniers. Il faut comme pour le végétal:
- choisir le bon emplacement (respect du public et de la fonction du lieu, facilité de passage du professionnel d’entretien)
- entretenir et nettoyer le lieu d’accueil
- soutenir et suivre la bonne santé de l’individu animal
- intégrer ce travail aux plans locaux de gestion
Les services rendus…
… sont, là encore comme pour le végétal, à choisir en concertation avec l’entité d’accueil. Aucun végétal n’existe en ville pour lui-même. Jusqu’à il y a peu, seuls les végétaux choisis répondant à une fonction précise (principalement l’aménité et l’esthétisme) avaient obtenu un vrai droit de cité et ceux sauvages n’étaient présent que par opportunisme, vivaient cachés ou hors d’accès pour subsister. Désormais, un droit de cité apparait pour eux aussi, pour service rendus à la biodiversité.
La même chose exactement s’applique à l’animal. Il faut mettre en face de l’animal domicilié un service afin de pérenniser sa présence et son droit. La panoplie de services potentiels se renforce, allant désormais de la certification, la pédagogie, le soutien scientifique à la biodiversité jusqu’à la capitalisation par l’image ou la rentabilité pécuniaire dans quelques cas.
Fabriquer le droit de cité animal dans une LIVING FAB…
… dédiée reste tout de même nécessaire, car, si l’innovation technique est, elle, aisée, l’innovation éthique du droit de cité animal l’est moins. C’est que la cité nous semble opposée au vivant sauvage, comme si elle exerçait un étalement urbain sur elle-même et sur ses usagers. Certains, sans conduite de changement, pourraient alors voir dans la présence animale sauvage, même gérée, un échec de la ville et non un progrès vers sa durabilité.
L’innovation réside donc dans la persuasion faite à la ville qu’elle n’est pas différente par nature des autres écosystèmes vivants : Le sauvage y a facilement sa place à la condition donc qu’un droit de cité lui soit créé. C’est cette condition qu’une fabrique du droit animal doit révéler par la pratique et la communication.
Aussi, une fabrique du droit de cité animal servira, en même temps qu’inscrire ce droit dans la ville, à imaginer les structures d’invitation du sauvage suivantes. Si le droit de cité animal est bien fabriqué, il est raisonnable de penser que des futures structures bien plus audacieuses, en droit et services, seront imaginées. En effet, toute innovation de vision ouvre la voie aux innovations pratiques.
On a vu que l’animal aspire à la ville et que son droit de cité est à portée de main. Des associations, des designers de mobilier et les jardiniers munis de la Life Box sont prêts à l’organiser. L’invitation est lancée désormais aux acteurs de la ville pour finaliser les fabriques de ce droit de cité animal et pour le diffuser… avis aux innovateurs !