Distinguer le milieu de l’environnement
Les enfants ayant transformé le lombricube en vermi-composteur comprennent maintenant qu’un sol n’est pas vivant à proprement parler : Seuls les êtres vivants du sol – lombric, collembole, etc. – le sont. Le reste du sol, la matière entre eux, est le milieu (le compost) que le vivant produit.
Ce sont les êtres vivants produisant le milieu jour après jour, le faisant renaître en permanence sur lui-même, l’élèvant qui prêtent littéralement la « qualité de vivant » au sol vivant. On dit « sol vivant » par un raccourci de langage….attention à ne pas en faire un raccourci de pensée!
La différence entre milieu et environnement…
…est pourtant là et elle est gérée par la biodiversité. Le milieu est cette production de la biodiversité qu’elle met et gère en commun, et à qui elle prête sa qualité de vivant. Mais rajoutons une pierre ou du plastique dans le vermicomposteur. Elle restera ainsi infiniment. La biodiversité ne pourra pas lui prêter sa qualité de vivant. Impossible pour elle de la gérer, en tout cas, pas à l’échelle de sa vie.
La pierre, ou le plastique, c’est de l’environnement. C’est seulement impactable et impacté par les lois physiques. Les lois biologiques, elles, ne pourront interférer ici sans s’épuiser, l’effort étant très important. On s’apercevra par cette expérience qu’environnement n’est pas milieu facilement. La différence entre milieu et environnement a pour arbitre la biodiversité.
La biodiversité, une solution en tant que telle
Savoir distinguer le milieu de l’environnement, c’est voir que le milieu et non pas l’environnement est le produit et la maison de la biodiversité. C’est voir que le milieu n’est pas acquis mais gagné et regagné en permanence. C’est aussi comprendre que, face à l’environnement la biodiversité à l’échelle d’une vie ne peut rien, c’est seulement grâce au travail accumulé par les générations précédentes, à l’échelle géologique, qu’elle avance et que le milieu grandit.
Cette vision est simple mais finalement peu répandue autour de nous. La confusion milieu et environnement est grande et les raccourcis entre vivant et milieu sont nombreux dans l’imaginaire populaire (la roche mère, le sol vivant…). Et puis surtout, bien que la biodiversité est l’acteur premier de notre durabilité dans son opposition à l’environnement, elle n’est jamais désignée comme solution, acteur en tant que telle mais toujours comme retombée périphérique de projet voire carrément comme périphérie de l’environnement.
N’est-ce pas là une mauvaise vision, un mauvais questionnement et des mauvaises réponses sources elles aussi de développement non durable…
Et le jardinier dans tout cela?
Le jardinier, développeur de biodiversité non seulement tend à réduire l’environnement (les impacts environnementaux sur le milieu et la biodiversité) et mais accompagne le développement de la biodiversité comme principe de durabilité. Il réduit son usage propre des lois de la physique (pas de chimie, pas de feu, le moins possible de déplacement thermique) pour installer la biodiversité dans son ensemble, à travers son travail.
Il cherche à faire cela, sans changer d’objectif, aussi bien en terrain déjà conquis (le jardin) qu’au plus près de l’environnement : la ville, les intérieurs, les infrastructures.
Sa vision est simple, pertinente et ainsi le sont ses réponses et son travail.