Petite histoire des vers de terre

Le sol vivant

Le sol vivant est une pièce importante du milieu. A la fois nourriture, habitat, porteur d’eau, il est aussi une arme biologique contre l’environnement.

Bien différencier temps géologique et temps coulant

Comprendre un sol vivant, c’est lui conférer les qualités du vivant. C’est admettre qu’il se reproduit et qu’il est donc le propre acteur de son origine. Pour certains, il sera difficile de bien saisir cette notion, car ils devront désapprendre quelques croyances. En l’occurrence, il leur faut désapprendre celles qui laissent penser que le sol et ses organismes apparaissent comme par miracle (enseignement par la scolastique) ou par la dégradation physico-chimique de l’environnement physique (enseignement par la physique).

A quoi bon Enseigner le vivant en lui déniant son caractère vivant ?

Cacher la réalité du temps coulant dans l’histoire géologique est la même action que cacher le paradigme biologique à l’intérieur de celui physique. C’est cachée l’action permanente de la vie. Autre image explicative : c’est comme dire que l’action d’un homme montant un escalier est celle de l’escalier qui monte et pas celle de l’homme.

Le sol est bien l’action de la vie qui crée et le recrée, le soigne, l’élève, le développe jour après jour, saison après saison, ré-émergeant sur lui-même une fois mature ou évoluant vers ce climax. Pourquoi ne pas le montrer dans nos écoles primaires? L’enseignement du sol devrait commencer par « aujourd’hui, tout notre milieu a pour origine la vie » et non pas l’environnement et ces lois physico-chimiques.

Imaginons bien l’action d’une fiente d’oiseau ou d’un excrément d’herbivore sur la roche de l’exemple 1 de ce post. En apportant eau, rétention d’eau, spores ou graines, germes, acidité et autres solutions destructeurs d’environnement et producteur de vie, ces animaux arriveront en même temps que tous les règnes du vivant pour constituer un premier sol tout en accélérant l’altération de la « roche mère » (sic!). C’est la lente transformation par la vie de l’environnement en milieu. Pourquoi cette caractéristique du vivant est déniée dans l’enseignement que l’on donne à nos enfants? Ne prépare-t-on pas là déjà notre propre crise écologique en cachant la vérité biologique?

Pensons reproduction plus qu’évolution

Un sol est comme un homme.

Posez-vous la question : combien de temps a-t-il fallu pour créer l’homme? Si on parle en temps géologique, la réponse pourra être 2 millions d’années. Si l’on parle en temps coulant, pour former un homme adulte, la réponse pourra être 20 ans.

Il en va exactement de même pour le sol vivant. Comptons 20 ans pour qu’un sol et son milieu deviennent un ensemble adulte, se reproduisant sur lui-même, allant vers la biodiversité plus développée. Ce caractère vivant du sol montre son côté fragile – sa vie peut être réduite, bousculée, blessée, empoisonnée – mais aussi son côté robuste : il peut être reproduit, inséminé, multiplié, producteur. Mais pour imaginer ces compétences-là et les maitriser, le développeur de biodiversité doit comprendre le vivant du sol vivant! Cela ouvre beaucoup de nouveaux savoirs : quelle est l’écologie du cloporte et comment accélérer sa reproduction? Quelle est la vitesse de propagation des différents vers de terre? Quels sont les différents stades bactériens du sol? Qu’en est-il du front de gel ou de chaleur durant les saisons dures? Autant de questions abordées dans la formation « développer la biodiversité à travers les jardins ».