LUTTE CONTRE LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN
La chenille processionnaire du pin (CPP) est la larve d’un papillon de nuit. Le papillon qui est la forme « adulte » de la chenille, éclos durant l’été entre juin et septembre selon le climat.
La femelle papillon recherche un pin (pin noir d’Autriche, laricio de Corse, Salzman, pin de Monterey, maritime, sylvestre et pin d’Alep) et dans une moindre mesure un cèdre pour y pondre ses oeufs. C’est la chenille dans son 4e stade d’évolution qui à cause de ces poils devient urticante (ainsi que son nid).
PÉRIODE DE LUTTE :
- Début Mai : Installation des pièges à phéromones (de Mai à Aout c’est le vol, la reproduction et la ponte)
-> fin Aout dépose des pièges à phéromones . - Début Septembre : Période d’observation de construction des nids (de septembre à Octobre, c’est la construction des nids)
-> fin Octobre Programmation des échenillages - Début Novembre : Echenillage des nids dans les arbres
ATTENTION A LA SECURITE (de Novembre à Février c’est l’hibernation des chenilles dans les nids)
-> fin Février : Installation des pièges à processions (collerette autour de l’arbre) et mise en place des nouveaux sacs de récoltes. - Début Mars : Installation des nichoirs à mésanges, et binage des massifs pour déloger les chrysalides (C’est la période d’éclosion des papillons).
-> fin Avril Vidage et changement des sacs de récoltes.
MOYEN DE LUTTE :
- Refuge faunistique (nichoir à mésange)
- Piège à procession (contre les chenilles)
- Piège à phéromones (contre les papillons mâles)
- Binage du sol (contre les chrysalides)
- Plantation de feuillus (contre les papillons femelles)
- Echenillage (contre les chenilles et les nids)
La chenille processionnaire du pin (cpp) aurait pu être un insecte passant inaperçu, sans défense et basant sa survie uniquement sur un nombre démesuré de descendance, multipliant ainsi les chances de survie.
En écologie, cela s’appelle la stratégie r.
La cpp suit bien une stratégie r durant ses stades imago (papillon) et les 3 premiers stades larvaires sauf une fois l’an où elle change de stratégie. Lors de la descente des arbres pour rechercher une zone propice à sa métamorphose (sol sec et sableux), la cpp rajoute un moyen autre de survie : Elle se recouvre de poils extrêmement urticants.
Cela se déroule à la fin de la saison froide (février ou mars). Les chenilles inspectent les sols en s’abritant des prédateurs derrière leur nouveaux poils et leur tête engoncées dans ceux de leur congénère de devant. Voilà pourquoi elles se déplacent en procession, en file indienne et rapprochée. Un peu comme les armées romaines en formation tortue avec toutes leurs piques dehors!
C’est là que les risques de rencontres avec la population humaine ou avec les animaux domestiques sont présents. Pour réduire ces risques, le jardinier utilise plusieurs moyens : la lutte directe à différent stade du cycle de vie (contre les papillons, contre les cocons, contre les chenilles inoffensives ou celles urticantes) et l’entretien créatif qui consiste à renforcer la trame de biodiversité pour maintenir sous pression de prédation la population de ccp.
CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN : SON ÉCOLOGIE
La forme imago de la chenille processionnaire du pin (l’adulte reproducteur) est le papillon Thaumetopoea pityocampa. Il mise tout sur la stratégie r : il vit sans se nourrir, quelques jours entre fin juin et mi-août approximativement, le temps de s’accoupler et pour la femelle de pondre ses oeufs sur les aiguilles de pins.
Les arbres concernés par la ponte sont
le pin noir d’Autriche (Pinus nigra),
le pin d’Alep (P. halepensis),
le pin des Canaries (P. canariensis),
le pin tordu (P. contorta),
le pin maritime (P. pinaster),
le pin radiata (P. radiata),
le pin sylvestre (P. sylvestris)
et le pin parasol (Pinus pinea).
D’autres hôtes enregistrés incluent le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) et le mélèze d’Europe (Larix decidua).
Les oeufs éclosent un mois plus tard (fin juillet à mi-septembre approximativement).
Les chenilles se nourrissent d’aiguilles de pin sans avoir à changer d’arbre. Très petites et non urticantes durant les premiers stades, elles atteindront à la mi-novembre 5 cm à leur 5ème et dernier stade. Elles seront à ce moment-là pourvues des fameux poils urticants. Les mues s’opèrent toujours dans un cocon collectif rendant celui-ci indirectement urticant également.
Chenille non-urticante
Un cocon collectif d’hiver aura été conçu pour traverser la période froide. A l’arrivée des beaux jours, les chenilles n’hésitent pas à le quitter momentanément le temps d’explorer les alentours. C’est à cette période que les rencontres avec l’homme ou les animaux domestiques sont à craindre.
Cocon collectif de la ccp contenant déjections et restes de mue
La procession finale à la recherche d’un sol sec pour effectuer leur dernière métamorphose coïncide avec l’arrivée des premières chaleurs de mars. Les chenilles s’enfouiront alors sous terre et se transformeront en chrysalide.
Chenille cherchant à s’enfouir pour préparer leur chrysalide
Chrysalide déterrée
Chrysalide ouverte
L’imago (le papillon) sortira de terre en fonction de la chaleur reçue, soit quelques semaines plus tard, mais parfois jusqu’à 5 années après.
CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN : LES RISQUES ET DANGERS
Chez l’homme, le contact direct avec les chenilles ou bien indirectement avec les poils urticants disséminés par le vent est responsable d’accidents plus ou moins graves suivant la sensibilité des individus :
Chenille engoncée dans leurs poils urticants
- Sur la peau par des plaques rouges avec ou sans cloques, accompagnées de démangeaisons intenses ou de sensations de brûlure qui peuvent durer quelques heures à quelques jours. Les lésions se situent surtout aux endroits de frottement avec le vêtement (jambes, cou, poignets) et peuvent être particulièrement graves lors de contact direct avec les chenilles.
- Au niveau des yeux, par des paupières rouges et enflées. Quand les poils urticants pénètrent dans l’œil, ils peuvent causer des accidents graves allant jusqu’à la cécité.
- Dans les bronches, par des allergies violentes chez les personnes présentant des difficultés respiratoires.
Lorsque les symptômes persistent, et quelle que soit la zone affectée, la consultation d’un médecin est vivement recommandée.
(réf: www.fredon-centre.com)
Dans le cas des animaux domestiques, si ces derniers lèchent ou touchent les chenilles vivantes, mortes ou bien des restant de nids avec leur museau, ils peuvent souffrir de divers symptômes. Dans un premier temps, ils couinent car ils ont mal, se mettent à baver, la langue gonfle et présente des tuméfactions avec un durcissement assez inquiétant. Sans soins, la langue peut virer au sombre voire violet, et une nécrose peut occasionnellement se produire. Une partie de la langue peut tomber. Une action rapide du vétérinaire est vitale.
Si les premiers soins consistent en anti-inflammatoires et histaminiques puissants, parfois des antibiotiques, de l’héparine, perfusions, etc.., au stade de nécrose l’amputation de ce bout de lange doit parfois être envisagée.
(réf: www.fredon-centre.com)
LA LUTTE DIRECTE CONTRE LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN
Contre la forme adulte (la papillon) :
Pendant l’été, les papillons de la cpp peuvent être piégés par phéromones. La réduction de sa population est estimée à 50% dans un rayon de 15 m autour du piège.
Contre les chenilles non urticantes
En fin d’été et jusqu’à l’automne, une aspersion de Bacillus sur les arbres peuvent détruire près de 100% des chenilles non urticantes. Celles urticantes résistant aux bacilles, il est impératif de faire ce traitement durant les deux premiers mois après la fin des pontes. Un traitement efficace se fait hors pluie et hors grand soleil, car les bacilles craignent les uv (ce sont des organismes en fait issus du sol). La rentrée du public sur site est de 12 heures après épandage.
Contre les cocons
L’échenillage, c’est à dire le retrait et la destruction mécanique des cocons, supprime près de 95% de la population de la ccp. Il est indispensable qu’il soit effectué par le professionnel spécialisé ou le jardinier d’entretien formé et équipé dans notre cas.
La fatigue, la répétition des opérations, une mise en place difficile augmentent considérablement la prise de risques face au cocon qui reste une substance dangereuse.
Il est très fortement recommandé de porter combinaison et gants jetables ou lavables, lunette étanche et masque P2 afin de minimiser la prise de risque.
Le transport des cocons ramassés peut être effectué par un contener poubelle à roulette, remplie d’une solution savonneuse. La destruction des cocons se fera par ensevelissement sous 15 cm de terre et enveloppés d’un géo-textile biodégradable éventuellement.
simulation d’échenillage (attention, pour la cpp, l’opérateur doit être protégé par une combinaison totale)
Contre les chenilles urticantes
La disposition de sac de récolte autour des troncs d’arbres infestés intercepteront 98% des chenilles de l’arbre pendant leur descente. La collerette du dispositif guide les chenille vers le sable qui remplit le sable. Les chenilles s’y transforment en chrysalide qui devront être détruites ensuite.
Il peut être utilisé par toute personne sensibilisée à la problématique, le professionnel spécialisé, le jardinier d’entretien ou l’habitant impliqué.
Les sacs pourront être pris en charge par la déchetterie (sous réserve d’accord) ou par les ordures ménagères une fois sur-emballées.
UNE ESPÈCE DORÉNAVANT PRÉSENTE EN PERMANENCE
Les moyens de lutte directs servent à faire passer la population de ccp de peste incontrôlée à population normale. Ainsi, l’environnement d’une maison ou un jardin public bien surveillé verra son risque réduit à quasiment zéro. Mais les chenilles ne peuvent éradiquer totalement en île de France. Plusieurs raisons à cela :
- Le réchauffement climatique autorise la population de ccp à remonter. Elle fait désormais naturellement partie de la faune locale sauvage et entrera toujours dans les jardins.
- La possibilité des papillons à voler plus de 10 km autorise ces derniers à sauter les barrières sanitaires érigées à son encontre. Chaque îlot de conifères représentera un refuge et un couloir en pas japonais à cette espèce. .
- Une diapause possible de 5 années permet à la chenille de réapparaitre par elle-même dans une zone infestée aléatoirement après les traitements.
- La dispersion involontaire par déplacement de végétaux ou de terre est un risque extrêmement réduit par les contrôles à son égard mais reste malheureusement présent.
L’ENTRETIEN CRÉATIF CONTRE LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN
Ainsi une fois l’infestation réduite et les dangers écartés, il s’agira de maintenir la population de Thaumetopoea pityocampa et de sa chenille à son minima. C’est le rôle du jardinier d’élever le milieu en ce sens. Un jardin est vivant comme l’est un animal domestique : c’est la relation avec son maître ou son jardinier qui fera de celui-ci une entité de haute valeur.
Plusieurs trajectoires de jardin en entretien créatif peuvent être choisies contre la population de la chenille processionnaire:
L’augmentation de la biodiversité animale du site. Seules les chenilles urticantes, deux mois dans l’année, suivent une stratégie autre que r. Le papillon, les chrysalides et les chenilles pendant leur trois premiers stades n’ont pour stratégie de survie que leur nombre et la chance. Il est ainsi important alors de placer en face de ces populations leurs prédateurs.
Par la mise en place de nouveaux milieux tels que les haies vives, des jardins vivriers pro-biodiversité, quelques nids de passereaux suffiront à créer une pression de prédation. Des prairies fauchées, non seulement retireront des possibilités d’enfouissement aux chrysalides, mais augmenteront la présence de petits prédateurs, depuis les guêpes parasites des papillons et chenilles jusqu’au petits oiseaux insectivores. Une mare vivante, un compost à disposition seront autant d’exemple de lieu de production de biodiversité capable de remettre le jardin sur le bon chemin de développement.
L’installation d’un réseau de refuges faunistiques sentinelles gérés par un amateur averti ou un jardinier formé est une solution élégante. Un dortoir d’été de chauve-souris éliminera autant de papillon sinon plus qu’un piège à phéromone. Une huppe fasciée recherchera les chrysalides en terre mieux qu’un jardinier. Une mésange saura voir les chenilles dès leur sortie des oeufs et en goinfrera ses petits.
La modification du paysage par l’entretien doux permettra de repousser les risques. Réduire les conifères pour réhausser les feuillus permet de cacher leur silhouette. Cette technique utilisée en foresterie est efficace contre le papillon de la ccp. L’appliquer près des maisons et au sein de parcs urbains est sensé. La réhausse de la tonte jusqu’en avril au abords des cheminements dans les jardins réduira la possibilité de contact entre chenille et la population humaine : les chenilles craignent l’herbe et recherche les sols minéraux.
La surveillance régulière du jardin finira de réduire les risques à zéro. En effet, les premiers cocons de ccp qui apparaissent au printemps ne sont pas urticants. Les jardiniers en charge saura les reconnaitre et ne pas les confondre avec ceux, dangereux, venant de passer l’hiver. Il saura les détruire pour mettre le risque engendré par la population de ccp au niveau 0.
Cet objectif zéro est donc réalisable par tout jardinier d’entretien créatif du site. C’est que le jardin demande à être traité comme tout être vivant pour réussir : compréhension, suivi et bonne relation sont les clés de réussite.