LES POULETS SONT PLUS « INTELLIGENTS » QU’ON NE LE PENSE
Les poules ne sont pas aussi désemparées et aussi « écervelées » qu’on ne le pense. Selon une étude récente, ces dernières ont des personnalités distinctes, sont intelligentes, connaissent leur place dans l’ordre hiérarchique de la communauté et peuvent raisonner de façon déductive.
Lori Marino est chercheur au Someone Project, une entreprise menée conjointement par le Farm Sanctuary avec le Centre Kimmela aux États-Unis qui examine les dernières preuves scientifiques relatives à la complexité cognitive, affective et sociale chez les animaux de la ferme. De telles preuves scientifiques sont généralement établies quand il s’agit de plaider la cause des éléphants, des grands singes ou des dauphins, mais ici le projet vise à révéler la complexité psychologique des animaux de ferme, d’élevage et les fondements psychologiques de leur être propre qui est d’être « quelqu’un » et non pas « quelque chose ». Dernièrement, Lori Marino et son équipe se sont penchés sur le cas du poulet, l’un des animaux les plus domestiqués au monde. Dans une étude publiée dans la revue Animal Cognition portant sur la psychologie, le comportement et les émotions du poulet, les chercheurs se sont rendu compte que l’animal était largement sous-estimé.
« Les animaux de ferme ressentent le plaisir et la tristesse, l’excitation et le ressentiment, la dépression, la peur et la douleur. Ils sont beaucoup plus conscients et intelligents que nous ne l’avons jamais imaginé… Ce sont des individus à part entière ». Les mots de la célèbre primatologue Jane Goodall font de plus en plus écho à mesure de la multiplicité des études sur la cognition animale. Largement élevée pour sa chair, « l’idée même d’une psychologie chez la poule est étrangère à la plupart des gens », concède Lori Marino, mais le fait est que « les poules ont des personnalités distinctes, sont intelligentes, connaissent leur place dans l’ordre hiérarchique de la communauté et peuvent raisonner par déduction, une compétence que les êtres humains développent vers l’âge de sept ans ». Ainsi le niveau d’intelligence des poules serait très largement sous-estimé et éclipsé par d’autres espèces aviaires.
« Nos recherches ont montré que les poulets ont un certain sens des nombres », continue le chercheur. « Des expériences avec les poussins domestiques nouvellement éclos ont montré qu’ils peuvent faire la distinction entre les quantités. Ces oiseaux sont également capables d’une “maîtrise de soi” dans le but d’obtenir une meilleure récompense et sont capables d’auto-évaluer leur position dans l’ordre hiérarchique. Ces deux caractéristiques sont révélatrices d’une conscience de soi ».
Les poulets perçoivent également les intervalles de temps et peuvent anticiper les événements futurs. « Comme beaucoup d’autres animaux, ils démontrent une certaine complexité cognitive lorsqu’ils sont placés dans des situations sociales les obligeant à résoudre des problèmes. Ces oiseaux sont capables de vivre une gamme d’émotions négatives et positives complexes, y compris la peur, l’anticipation et l’anxiété. Ils prennent des décisions sur la base de ce qui est le mieux pour eux et possèdent également une forme simple d’empathie appelée contagion émotionnelle. Non seulement les poules ont des personnalités distinctes, mais les femelles montrent également une gamme de différents traits de personnalité maternels qui semblent influer sur le comportement de leurs poussins. Les oiseaux peuvent se tromper les uns les autres, mais aussi observer et apprendre les uns des autres ».
« Un changement dans la façon dont nous percevons la psychologie et le comportement du poulet conduira à des données plus précises et plus riches dans le futur, vers une compréhension plus authentique de qui ils sont vraiment », termine Lori Marino. « Les poulets sont tout aussi cognitivement, émotionnellement et socialement complexes que la plupart des autres oiseaux et mammifères dans de nombreux domaines ».